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15 septembre 2025
« Nous parviendrons à relever les défis sociaux, tels que le logement abordable et le “stop au béton”, en adoptant une approche plus collective, basée sur l’intérêt de la communauté. Les administrations locales et les citoyens ont tous une responsabilité dans ce cadre. Et il s’agit avant tout d’envisager l’aménagement du territoire sous un nouvel angle, au même titre que nos besoins en matière de logement et de vie. »
Ces mots sont ceux de Lieven Janssens, coordinateur général du centre d’expertise en gouvernance publique sociale de l’université d’Anvers. Ce centre d’expertise aide, via la recherche scientifique, les décideurs politiques et les organisations publiques à améliorer les pratiques administratives, à élaborer des solutions innovantes pour relever des défis sociaux complexes et à renforcer l’impact social. Mais Lieven Janssens parle aussi d’expérience : il a été bourgmestre de Vorselaar pendant plusieurs années. Selon lui, nous devons envisager l’espace de manière plus intelligente et plus collective, et abandonner la propriété purement individuelle au profit d’une plus grande « appropriation » de cet espace utilisé collectivement.
Le contexte actuel, marqué par des changements sociodémographiques, des contraintes économiques, des défis en matière de soins de santé et la nécessité d’aller vers plus de durabilité, nous oblige à repenser fondamentalement le concept de « propriété ». « Nous vivons plus longtemps, nous devons loger davantage de gens et nous devons faire des choix pour un espace public restreint. Or les moyens sont limités et nous devons faire plus avec moins. Les administrations locales sont donc confrontées à un défi politique de taille », explique Lieven Janssens.
Il préconise des modèles de copropriété innovants, basés sur la gestion collective et la responsabilité partagée. « Je pense notamment à des formules coopératives et à de nouveaux modèles financiers qui permettent de gérer et d’entretenir des bâtiments et des espaces ensemble, de partager la mobilité et l’énergie, etc. » Lieven Janssens a déjà appliqué ce principe à Vorselaar.
Les administrations locales ont un rôle clé à jouer. Elles doivent, d’une part, repenser leur politique foncière et immobilière. La réaffectation du bâti existant présente une plus grande valeur ajoutée à long terme pour la communauté que sa vente dans le but d’assainir les finances publiques. Lieven Janssens : « Nous disposons de suffisamment d’espace et de patrimoine, mais nous devons les gérer plus intelligemment, dans une optique plus collective et plus régénérative. Les administrations locales doivent assumer leur rôle de régisseur : en marge des permis et de l’urbanisme, elles doivent aussi mener une politique foncière et immobilière active. Cela nécessite un pouvoir de gestion et un renforcement des capacités, tant en termes de quantité que de qualité. Les communes n’en ont pas suffisamment en ce moment. »
Les décideurs politiques locaux doivent, par ailleurs, (continuer à) miser activement sur une approche pluridisciplinaire et axée sur les quartiers. « Concrètement, un projet de construction ou de rénovation doit tenir compte de l’espace public, de la mixité sociale et de la durabilité. Cette approche pluridisciplinaire est essentielle. Il importe aussi de lever les obstacles mentaux liés à la propriété. Nous devons sensibiliser davantage les citoyens et les impliquer plus activement via la cocréation et la participation. Nous pourrons ainsi chercher conjointement des solutions qui fonctionnent pour l’ensemble de la communauté, et pas uniquement pour les individus », poursuit Lieven Janssens.
Le « living as a service », par exemple, intègre le logement, les soins, l’énergie et la mobilité. « Pourquoi une personne qui vit dans une maison trop grande ne pourrait-elle pas déménager dans un immeuble géré collectivement en centre-ville, où le logement et les services sont proposés et facturés de manière flexible ? Ce genre de modèle nécessite un changement de mentalité, mais il offre de nombreuses opportunités aux personnes âgées, aux célibataires et aux groupes vulnérables. »
Ces modèles portent sur le logement, la vie, le fonctionnement d’une communauté, et sont aussi directement liés à la satisfaction vis-à-vis du quartier. En tant que membre du jury du Matexi Award, Lieven est particulièrement sensible à cette question de quartier. « Il existe de magnifiques initiatives de quartier, de petite ou de grande envergure. Il faut toutes les mettre en avant et leur offrir une plateforme afin qu’elles puissent inspirer et stimuler d’autres administrations locales et d’autres citoyens. Là encore, il est essentiel de donner une dimension plus générique aux prototypes. »
Notre société doit assumer davantage ses responsabilités, tant du côté des administrations locales que du côté des citoyens. C’est le seul moyen de réussir, avec tous les partenaires concernés, la transition sociale vers une politique pérenne en matière de logement et de vie. « C’est possible », conclut Lieven Janssens. « Mais il faudra changer nos mentalités, faire des choix courageux (y compris politiques) et coopérer à tous les niveaux. »