Matexi

La tendance de l'appartementisation et l'importance des quartiers et des villages

11 décembre 2019

Les chiffres relatifs à notre parc immobilier ne mentent pas : l'appartementisation de la Wallonie se poursuit. Au cours des cinq dernières années, la part des permis de bâtir octroyés pour les appartements était d'environ 50 %. À la fin des années 1990, ce chiffre était à peine de 30 %. On ne peut que s'en réjouir. L'accroissement et le vieillissement de la population ainsi que la réduction de la taille des ménages exigent en effet davantage de logements et d'autres formes d'habitat.

Pour plus d'espace disponible, il faut densifier les villes et les villages. Mais pas partout de la même façon.

Si l'on veut préserver l'espace vierge – y compris en Wallonie –, nous devons densifier les zones bâties de manière adaptée et respectueuse. Ne soyons pas naïfs : il n'y a tout simplement pas d'alternative.

La densification de ces zones est une étape nécessaire pour épargner l'espace disponible, voire le réparer au moyen de démolitions sélectives. Malheureusement, la densification est trop souvent assimilée à l'appartementisation. Conséquence prévisible : un certain nombre de communes se dressent contre ce phénomène menaçant. C'est très compréhensible, étant donné la confusion qui règne avec les bonnes intentions, visions et tous les schémas de développement, les Guides d’Urbanisme, décrets, règlements...

Appartementisation : s'agit-il d'une réelle menace ?

Ces vingt dernières années, la proportion d'appartements au sein de l'offre totale de logements en Wallonie est en effet passée de 9,7 % à 15,8 %. Pour l'ensemble de la Belgique, ce chiffre a augmenté de 18,6 % à 26,2 %. Cela signifie toutefois que quasi trois quarts des logements ne sont pas des appartements et qu'il faudra encore plus de 100 ans avant que nous vivions tous dans cette forme d'habitat.

Le risque d'appartementisation des communes rurales ne doit donc certainement pas être exagéré. Mais comment densifier alors ?

Mettre un terme d'urgence à l'habitat linéaire

Tout d'abord, il faut cesser l'habitat linéaire, car durant les dernières décennies, nous avons vécu de manière très fragmentée, dans des zones d'habitat rurales en ruban qui se trouvent souvent loin de toutes les commodités et sont uniquement accessibles en voiture, avec des embouteillages et une mauvaise qualité d'air à la clé. Malgré toutes les bonnes intentions, visions et tous les schémas de développement, les Guides d’Urbanisme, décrets, règlements, etc., l'habitat linéaire perdure.

Faire la distinction entre zone urbaine et zone rurale

Afin de nuancer ce débat et de réaliser un meilleur aménagement de notre espace disponible, nous devons ensuite faire une distinction beaucoup plus ferme entre zone urbaine et zone rurale.

Une belle ville est composée d'une mosaïque de quartiers ayant chacun leur identité, leurs infrastructures locales, leurs espaces (verts) publics ainsi que les infrastructures supralocales occasionnelles qui contribuent à la ville proprement dite.

Une zone rurale digne de ce nom est un ensemble de villages ayant chacun leur identité spécifique et leurs infrastructures locales, et formant une région dotée de son propre caractère comme le Condroz ou La Lorraine belge.

Tant les villes que les villages ont leur raison d'être, leurs avantages et leurs inconvénients, et bénéficieraient de la densification, mais d'une manière différente.

Un quartier n'est pas l'autre

Le concept de quartier peut donner une orientation à cet égard. Une enquête précédente de ProFacts, réalisée à la demande de Matexi, révèle que 80 % des Belges attachent de l'importance au quartier où ils vivent. Environ 25 % des personnes interrogées – et surtout les jeunes – trouvent le quartier même plus important que le logement lui-même.

La densification urbaine peut parfaitement passer par la conception de quartiers avec plus d'appartements, de manière à créer plus d'espace pour le « dénoyautage », des espaces verts comme un parc de quartier, ou l'intégration sociale. Une suite d'immeubles composés de trois à six niveaux peut constituer un ensemble harmonieux autour d'un centre de quartier avec des infrastructures locales, des transports en commun et des services. Cela ne requiert pas de grandes innovations, mais uniquement un esprit ouvert afin d'observer les quartiers les plus réussis dans les villes attrayantes.

Une densification respectueuse dans les communes rurales passe de son côté par plus d'habitations (de rangée) dans le centre des villages, complétées éventuellement d'un nombre limité d'immeubles à appartements peu élevés articulés autour de petites places vertes et de charmantes ruelles, sur le modèle de nos villages historiques. Cela permettrait non seulement de créer plus d'espace vierge et public, mais aussi des villages à la fois compacts et accueillants, afin d'attirer de nouveaux habitants et générer ainsi une base suffisante pour rendre les infrastructures locales viables.

Nécessité d'une législation simple et claire

La préservation de l'espace disponible exige de nouvelles constructions dans les zones bâties pour satisfaire à la demande croissante de nouveaux logements. Impossible de le nier. C'est pourquoi il est urgent de disposer d'une vision simple et claire, et surtout d'une législation plus simple et plus claire. Cette législation doit soutenir une politique d'octroi de permis plus rapide et mettre un terme aux possibilités de recours interminables. Il faut également une politique fiscale qui encourage les projets de reconversion d'envergure au lieu de les sanctionner. C'est le seul moyen de réaliser la densification nécessaire d'une manière adaptée aux villes et aux villages.

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